TOUT EST DIT

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samedi 3 octobre 2009

Aubry, mains et poings liés

Martine Aubry est une adepte de la méthode Coué. Ce qui lui permet d'affirmer sans rougir que le référendum pour la rénovation du PS est « une superbe leçon démocratique » donnée «à toute la France ». Mais peut-elle dire autre chose ? Non, et c'est bien son problème.

Passons sur les faits. Moins d'un militant sur deux a voté, par devoir, ce qui n'est pas une gifle, mais pas un succès non plus. Quant au reste des Français, s'ils s'y intéressent, ils ont appris à se méfier des scrutins internes au PS depuis les révélations de tricherie qui ont entouré l'élection de Martine Aubry au poste de premier secrétaire. Accusations qu'elle n'a pas attaquées en justice.

Si Martine Aubry n'est pas libre de ses propos, elle ne l'est pas plus de ses choix. Ainsi était-elle obligée de passer par l'épreuve de ce référendum dont elle se serait bien passée. Ignorée par les grands barons régionaux (Collomb, Guérini, Percheron), contestée par les quadragénaires (Valls, Peillon, Montebourg), elle n'avait pas d'autre option possible que de se montrer plus ouverte au dialogue. Ce qu'elle fit à l'université d'été de La Rochelle, avec la promesse du référendum d'octobre.

Régulièrement débordée par les imprévisibles déclarations de Ségolène Royal, sur la taxe carbone par exemple, elle devait aussi tenter de reprendre la main sur sa meilleure ennemie. Quand Royal apparaît moderne, souriante et imaginative aux yeux de beaucoup, Aubry présente une image démodée, classique, voire dogmatique.

Acculée, la première secrétaire du PS n'avait même pas la maîtrise des questions posées jeudi soir aux militants. Onze au total, dont quatre sur le non-cumul des mandats et l'organisation de primaires ouvertes pour désigner le candidat à la présidentielle. Deux thèmes sensibles, chers aux quadras, qu'elle n'avait pas prévu d'aborder si tôt. Deux thèmes certes plébiscités jeudi soir, mais qui seront très difficiles pour elle à mettre en musique sans fausses notes.

Ainsi va Martine Aubry, et donc le parti. Un bateau ivre. Un capitaine qui n'a pas l'initiative, une formation qui cherche son cap. Et pendant ce temps, Georges Frêche, pourtant exclu du PS, se frotte les mains. Les militants du Languedoc-Roussillon ont choisi son homme de confiance, contre l'avis de la Rue de Solferino, pour les représenter aux prochaines élections régionales. À lui seul, cet épisode résume tout de l'absence d'autorité dont souffre le PS.
YVES THRÉARD

A Moscou, M. Kouchner face au pessimisme de l'ONG Memorial

La journée avait bien commencé. En visite à Moscou, jeudi 1er octobre, le ministre des affaires étrangères français, Bernard Kouchner, avait eu des entretiens cordiaux avec son homologue russe, Sergueï Lavrov, puis avec le président, Dmitri Medvedev. Le huitième conseil franco-russe de sécurité confirmait l'entente actuelle, symbolisé par le dossier du nucléaire iranien.
Mais avant de quitter la Russie, le ministre s'est rendu dans les locaux de l'organisation Memorial et à Novaïa Gazeta, l'hebdomadaire où travaillait Anna Politkovskaïa avant d'être assassinée. Au-desssus de sa tête, le ciel se gâta à grande vitesse.

A Memorial, la plus célèbre des ONG russes, le ministre a écouté, sourcils froncés, le récit de Svetlana Gannouchkina. Cette militante de longue date a demandé à Paris d'accorder des visas aux Tchétchènes en grande détresse. Elle a exprimé un pessimisme glaçant. Selon elle, le premier responsable en est le président tchétchène, Ramzan Kadyrov, soutenu par Moscou. "C'est un garçon cruel et terrifiant (...) C'est très facile de faire sortir un mauvais génie de la bouteille, mais beaucoup plus dur de l'y remettre", dit la militante. Memorial a mis en cause M. Kadyrov dans l'assassinat de sa représentante à Grozny, Natalia Estemirova.

Alexandre Tcherkassov, spécialiste du Caucase, a rappelé un chiffre édifiant. "Plus de 3 000 personnes ont disparu. Nous savons bien qu'elles ont été exécutées et que les criminels restent impunis." Avant de partir, M. Kouchner a signé le livre d'or. "Chers amis de Memorial, vous êtes indispensables au monde. Vous êtes notre espoir et notre petit courage. Merci."

"C'est pas gai tout ça"

A Novaïa Gazeta, M. Kouchner a été accueilli par le rédacteur en chef, Dmitri Mouratov. Le journaliste a dressé un constat alarmant de la situation dans le Caucase. "Si le but des assassinats de Politkovskaïa et d'Estemirova était de stopper les informations en provenance du Caucase, il est atteint. Il n'est plus possible de travailler là-bas." Pour lui, les méthodes brutales de M. Kadyrov ont "commencé à faire tache d'huile sur l'ensemble de la Russie". Un phénomène que Memorial appelle "la tchétchénisation de la Russie".

M. Mouratov voit cependant une différence entre les deux visages de l'exécutif russe. "Si Kadyrov est le projet de Vladimir Poutine, il n'est pas celui de Dmitri Medvedev." Bernard Kouchner aussi veut croire à cette différence. Que faire, sinon s'indigner ? "C'est pas gai tout ça", a-t-il laissé tomber à plusieurs reprises, devant ses interlocuteurs.
Piotr Smolar (Moscou, envoyé spécial)

La "cagnotte" pour inciter à l'assiduité scolaire dans les lycées crée la polémique

Avis de polémique. Elle touche le haut-commissaire à la jeunesse, Martin Hirsch, ricoche sur le ministre de l'éducation, Luc Chatel, en passant par le recteur de Créteil, Jean-Michel Blanquer. L'orage a été déclenché par l'annonce d'une "expérimentation" consistant à encourager l'assiduité de lycéens professionnels au moyen d'une "cagnotte", qui sera destinée à financer certains projets éducatifs collectifs.
Particularité inédite : les protestations proviennent de tous les horizons politiques, syndicaux et associatifs de l'éducation. Aussi limitée soit-elle, le recours à une incitation financière dans le cadre scolaire choque des milieux très différents.

Qui se serait douté qu'un des 165 projets rendus publics le 16 juillet dernier par le Haut-Commissariat à la jeunesse, dans le cadre du Fonds d'expérimentations pour la jeunesse, ferait autant de bruit ? Il est vrai que l'annonce était des plus sobres et tient en une ligne dans la liste : " Académie de Créteil, lutte contre l'absentéisme scolaire".

"PROJET ÉDUCATIF"

Le contenu a été révélé par Le Parisien du 2 octobre, sous le titre "De l'argent pour les bons élèves". Pour lutter contre l'absentéisme, trois lycées professionnels de l'académie de Créteil vont expérimenter à partir du 5 octobre, dans certaines classes, la mise en place d'une cagnotte collective pour financer un "projet éducatif" défini avec les élèves. Si les lycéens respectent les engagements pris en termes d'assiduité et de comportement, cette somme, d'abord fixée à 2 000 euros, sera abondée tout au long de l'année, jusqu'à pouvoir atteindre un maximum de 10 000 euros. Elle pourra être consacrée à financer des projets du type passage du permis de conduire ou voyage scolaire.

Selon les précisions données le 2 octobre par le rectorat, environ 150 élèves sont concernés dans trois établissements volontaires : les lycées Lino-Ventura à Ozoir-la-Ferrière (Seine-et-Marne), Gabriel-Péri à Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne) et Alfred-Costes à Bobigny. Cette expérimentation sera évaluée par l'Ecole d'économie de Paris et pourrait être étendue, si elle fait ses preuves, à 70 classes (soit environ 2 000 élèves en 2010-2011).

Le rectorat se défend de vouloir acheter la présence des élèves. "Notre expérimentation est aux antipodes de l'individualisme consumériste !, a déclaré le recteur Blanquer dans Le Parisien. Elle est à la fois collective et responsabilisante : c'est la présence de tous qui contribue au succès de tous." Le recteur se démarque d'une expérience menée depuis 2008 au Royaume-Uni, où environ 200 000 élèves de familles défavorisées sont payés de 11 à 33 euros par semaine pour aller en cours.

Cette affaire "a été un peu montée en épingle", a confié au Monde Luc Chatel, qui ne désavoue ni le recteur de Créteil ni le fond du projet, mais souligne que "des centaines d'expérimentations sont en cours dans les lycées". Pour le ministre "il faut arrêter de dire qu'on donne de l'argent aux élèves, car on finance un projet de classe collectif". "Le gouvernement, insiste-t-il, a décidé de lancer la guerre contre l'absentéisme et le décrochage scolaire. C'est une expérimentation sur un nombre limité d'établissements. On verra bien si ça marche." Et Martin Hirsch s'est exprimé dans le même sens.

Ces explications n'ont pas enrayé les protestations. Pour Jean-Jacques Hazan, président de la Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE), classée à gauche, c'est une "perversion du sens de l'école" que de vouloir "régler par l'argent un problème d'éducation". La Fédération des Parents d'élèves de l'enseignement public (PEEP), classée à droite, s'est déclarée par la voix de son président, Philippe Vrand, "très réservée et même un peu inquiète" : "On ne veut pas, a-t-il dit, que l'argent soit le levier pour motiver les élèves." Le président socialiste du conseil régional d'Ile-de-France, Jean-Paul Huchon, s'est inquiété de "risques de graves dérives ". Le Snalc (syndicat national des lycées et collèges, "apolitique") dénonce un "scandale" mais l'attribue à "l'idéologie de "l'élève au centre"". Pour l'association SOS Education, d'inspiration libérale, ce projet "non seulement naïf, mais aussi immoral", est un "véritable camouflet aux professeurs".
Luc Cédelle

QUAND DEVRA-T-ON PAYER NOS CHÈRES (TRÈS CHÈRES) TÊTES BLONDES POUR RANGER LEUR CHAMBRES ?

. "Nouveau départ" pour le PS (Aubry)

La première secrétaire du PS, Martine Aubry, a estimé ce matin sur France Info après la consultation jeudi des militants socialistes que c'était "un nouveau départ pour le Parti socialiste".

A une large majorité, plus de 92.000 militants ont approuvé les onze questions pour rénover leur parti, avec en tête celles des primaires ouvertes en vue de désigner leur champion pour 2012 et du renforcement du non-cumul des mandats. 68% des militants ont dit "oui" à une primaire ouverte "aux citoyens qui souhaitent le changement en 2012" pour choisir le candidat socialiste, 70% souhaitant intégrer d'autres formations de gauche.

"Le visage du Parti socialiste ne sera plus le même après ce 1er octobre", a affirmé Mme Aubry, en estimant que c'était "une grande fierté d'être socialiste aujourd'hui, un peu à l'avant-garde démocratique". Interrogée sur le cas du Languedoc-Roussillon, où Didier Codorniou, un proche de Georges Frêche, exclu du parti après des dérapages verbaux, a été plébiscité jeudi par les militants face à Eric Andrieu, Mme Aubry a affirmé que la direction "n'allait pas réintégrer" M. Frêche. M. Codorniou a toujours prévenu qu'il laisserait sa place de tête de liste à M. Frêche.

"Nous allons faire le tour de nos partenaires, Verts, Radicaux, Citoyens, leur demander comment garder cette région où l'équipe régionale a fait un très beau travail mais où il y a des difficultés d'acceptation des uns et des autres", a poursuivi la numéro un du PS. "Nous allons parler et discuter avec Georges Frêche, a-t-elle dit, en insistant sur le fait que les militants socialistes avaient pour "objectif la rénovation et garder cette région".

OUAIS ENCORE UN COMME EN F1 QUESTION DE CHRONO ?

Les Vingt-Sept lancent l’idée d’une taxe carbone au sein de l’UE pour lutter contre le changement climatique

C'est une première : les ministres des finances des Vingt-Sept ont évoqué, vendredi 2 octobre à Göteborg, l'opportunité de créer une taxe carbone étendue à l'ensemble de l'Union européenne (UE). L'initiative esquissée par la Commission s'inspire des exemples scandinaves, notamment celui de la Suède, qui préside l'Union jusqu'à la fin de l'année. C'est "une très bonne source de revenus", et un "modèle très efficace" pour réduire les émissions de CO2, a fait valoir le ministre suédois des finances, Anders Borg.

L'idée rejoint la démarche française, tandis que le débat fait rage à Paris sur les modalités, et l'impact de la taxe carbone annoncée le 10 septembre par Nicolas Sarkozy. "Le fait d'introduire une nouvelle taxe dans l'UE n'a jamais été facile et cela l'est encore moins en période de crise économique et financière", a reconnu Laszlo Kovacs, le commissaire en charge de la fiscalité, "mais il est évident que le changement climatique est un défi mondial aux conséquences plus désastreuses que la crise actuelle".

RÉPARTIR LA CHARGE
Aux yeux de ses promoteurs, la taxation généralisée du carbone peut, entre autres, constituer une précieuse manne pour financer l'aide européenne à la lutte contre le réchauffement climatique. L'UE promet d'accorder entre 2 milliards et 15 milliards d'euros par an aux pays non industrialisés, en cas d'accord lors de la conférence de Copenhague, en décembre, sur les quelque 100milliards nécessaires, selon elle, à partir de 2020.

En pleine crise économique, les Vingt-Sept s'étripent encore sur la meilleure façon de se répartir la charge. M. Borg souhaite combiner "la capacité à payer, et la responsabilité en termes d'émissions". Vendredi, la Pologne, et de nombreux pays d'Europe centrale, dont le niveau de pollution est élevé, ont refusé une nouvelle fois de cotiser davantage que les pays les plus riches de l'Union.

La taxe carbone européenne concernerait toutes les activités, comme les transports et l'agriculture, qui ne sont pas couverts par le mécanisme d'échange des quotas d'émissions de CO2. Ce dispositif, mis en œuvre par les Vingt-Sept afin d'inciter les industries polluantes à l'être moins, ne vise que 40 à 45 % des émissions européennes. L'idée serait de taxer les émissions de CO2 de tous les autres secteurs, par le biais d'une révision du cadre communautaire concernant la fiscalité sur l'énergie.

Vendredi, M. Kovacs a assuré n'avoir entendu "que des avis encourageants" de la part des ministres. Au moins deux pays, la Grande-Bretagne, et l'Autriche, ont pourtant montré des réserves, alors que les décisions fiscales requièrent l'unanimité au sein des Vingt-Sept. Mener à bien un tel projet sera "difficile, mais il faut y travailler", a dit la ministre française de l'économie, Christine Lagarde, devant ses homologues. La Commission pourrait faire une proposition concrète courant 2010
Philippe Ricard