TOUT EST DIT

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mardi 22 septembre 2009

UNE IMAGE TELLE QUE J'AIMERAI EN VOIR PLUS SOUVENT EN IRAN

Le thon rouge ne sera pas sauvé par l'Europe

Alors que la population de thon rouge apparaît décimée par la surpêche, ce poisson ne sera pas sauvé par l'Union européenne. Les gouvernements de l'UE étaient appelés lundi à se prononcer sur une proposition de la Commission européenne visant à en interdire tout commerce, et donc toute pêche. Proposition qu'ils ont rejetée.
Avant le vote, la Commission avait pour sa part "exprimé ses vives préoccupations quant à l'état des stocks qui déclinent rapidement après des décennies de surpêche". Tous les pays riverains de la Méditerranée se sont prononcés contre l'interdiction. "Il n'y a pas eu de vote formel, mais un tour de table au cours duquel la Commission a compris que sa proposition n'aurait pas la majorité", a-t-on précisé de source diplomatique.

Bruxelles proposait de coparrainer une proposition de Monaco d'inscrire le thon rouge, pêché surtout en Méditerranée, sur l'annexe I de la Convention de l'ONU sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (Cites), à titre provisoire, en attendant les prochaines évaluations scientifiques de l'état des stocks de thon. De nouvelles informations sur l'état des ressources seront publiées lors de la prochaine réunion de la Commission internationale pour la conservation du thon de l'Atlantique (Iccat), prévue en novembre.

Lors du tour de table, de nombreux Etats ont estimé qu'il était "prématuré pour l'UE de coparrainer cette proposition" et qu'il valait mieux attendre "et écouter les scientifiques", a précisé un diplomate sous couvert d'anonymat. Une fois l'avis des scientifiques publié en novembre, la Commission aura encore le loisir de faire une nouvelle proposition aux gouvernements européens, a-t-il estimé.

"C'est désormais à l'Iccat d'assumer sa pleine responsabilité pour assurer la reconstitution des stocks de thon rouge", a commenté le commissaire européen à la pêche, le Maltais Joe Borg, tandis que son collègue en charge de l'environnement, le Grec Stavros Dimas, a dit "regretter" le blocage des gouvernements européens.

L'organisation écologiste Greenpeace a appelé les gouvernements européens à "écouter les scientifiques". "L'attitude bornée des gouvernements méditerranéens risque de conduire à l'extinction du thon rouge et de laisser les pêcheurs les mains vides en quelques années à peine. Mais des pays comme Malte et l'Espagne sont de plus en plus isolés", a commenté Saskia Richartz, responsable européen pour les océans chez Greenpeace.

Pourquoi les sportifs trichent-ils ?

Lundi, l'écurie Renault a été condamnée à deux ans de suspension avec sursis pour tricherie grave lors du Grand Prix de Singapour en 2008. Nigel Warburton, philosophe britannique et collaborateur régulier d'émissions sportives sur la BBC, explique pourquoi la triche est partie intégrante de toute activité sportive, comment l'affaire Renault diffère d'autres scandales... et en quoi Machiavel a inspiré Maradona lors du match le plus important de sa vie.

Pensez-vous que la triche fasse inévitablement partie intégrante du sport professionnel de haut niveau ?

Nigel Warburton : Non, pas d'une façon inévitable, même si la majorité des sports professionnels et amateurs en comportent, que ce soit en Formule 1, au football ou au rugby. Il existe différents niveaux de triche. Au football, un joueur peut être tenté de faire un tacle en sachant qu'il a 50 % de chances de provoquer une faute. C'est une prise de risque qui est à la limite de la légalité, mais qui fait partie du jeu. Dans les sports de contact, en général, il y a un niveau de tricherie qui fait presque partie du jeu.

C'est différent quand l'acte tenté sort de la sphère sportive. C'est le cas du "Bloodgate", un affaire récente impliquant l'équipe de rugby des Harlequins, à Londres. Son entraîneur a mis en scène la blessure d'un joueur à l'aide d'une capsule de faux sang, afin de favoriser son équipe. Ce fut un énorme scandale. Parce que même si les Harlequins n'ont pas gagné le match, c'était un geste si forcé et prémédité, qui impliquait un tel niveau d'organisation au sein de l'équipe, que c'était plus grave que la simple triche consistant à tromper un arbitre.

Une préméditation que l'on retrouve dans l'affaire Renault...

Tout à fait. Sans connaître tous les détails de l'affaire, on devine aisément que cela a demandé une organisation complexe et la collaboration de nombreuses personnes. Tout cela afin de trouver le meilleur moment pour avoir cet accident. Et c'est sans compter sur la dangerosité d'une telle stratégie.

Vous avez écrit que les exemples de triche sont plus nombreux aujourd'hui qu'auparavant...

Je ne sais pas si c'est un phénomène quantitatif ou une coïncidence. Peut-être avons-nous tout simplement développé des moyens plus modernes pour détecter les tricheurs. L'affaire du "Bloodgate", par exemple, a été révélée par une caméra de télévision. On a clairement vu le joueur sortir du terrain et faire un clin d'œil à son préparateur. Tout le monde a perçu quelque chose de louche. C'est grâce à ces techniques de surveillance plus sophistiquées que l'on découvre plus d'incidents. Face à elles, les athlètes ont effectivement plus de chances de se faire attraper. Il faut noter que ce phénomène ne concerne pas exclusivement le sport de haut niveau. La triche dans la sphère amateure a bien moins de chance d'être relayée parce que cela intéresse moins de gens, mais elle existe aussi.

D'un point de vue philosophique, qu'est-ce qui motive les tricheurs ? La peur de la défaite, l'envie de réussir, la nécessité de rester au sommet ?

Dans Le Prince, Machiavel considère que, dans des conditions extrêmes, un dirigeant ne doit pas agir de façon morale, car cela mettrait en péril l'Etat. Maradona a dû se dire la même chose lors de sa fameuse "main de Dieu" contre l'Angleterre en 1986. Le fait d'aider son équipe à remporter un match de Coupe du monde en marquant de la main pesait vraisemblablement plus que le respect des règles. Il faut aussi considérer que dans le sport, les règles sont subjectives et sujettes à interprétation. On essaie de pousser au maximum pour savoir jusqu'où on peut aller. Mais pour ce qui est de la motivation, je pense que cela dépend de l'occasion ou même du sport. Cela peut être l'argent, la gloire, l'envie de vaincre, le manque de recul ou tout simplement l'absence de morale chez l'athlète.

Pour revenir au cas de Renault, quand les coureurs se retrouvent en danger physique comme ce fut le cas, on sort de la sphère sportive. On peut frapper un homme au visage sur un ring de boxe, mais faire la même chose dans la rue vous vaudra une interpellation. On peut rouler à 150 km/h sur un circuit, mais faire la même chose dans la rue est illégal. En revanche, si on met en danger l'intégrité physique des autres compétiteurs, on sort très vite du monde du sport pour revenir au monde réel.

Un autre exemple est le fameux incident entre Evander Holyfield et Mike Tyson. Quand Tyson arrache l'oreille de son rival en plein combat, il rompt le contrat implicite qui transpose leurs actions en dehors de la vraie vie. C'est devenu grave, en quelque sorte, car il ne jouait plus le jeu.

N'est-ce pas alors un paradoxe que les athlètes de haut niveau soient contruits pour être des modèles ?

Oui, et en ce sens ils ressemblent beaucoup aux hommes politiques. Ils peuvent très bien être des exemples à suivre dans leurs disciplines respectives, mais le processus qui les fait arriver au sommet de cette discipline implique une attitude intransigeante. Et ce sont quelquefois les individus pas vraiment moralement irréprochables qui atteignent ce sommet.

Le sprinter Ben Johnson est un exemple révélateur. Il a travaillé pour devenir l'homme le plus rapide du monde. Et on ne peut pas nier que c'était un exploit, qu'il ait été dopé ou pas. En l'occurrence, il était dopé. Mais pour qu'il arrive à un niveau où des produits ont fait de lui l'homme le plus rapide du monde, il fallait déjà qu'il soit un athlète extraordinaire. Pourtant aujourd'hui, personne ne se souvient de lui comme un bon athlète, juste comme un homme qui a triché.

Mais il y a pire que la culpabilité, il y a la suspicion. Lance Armstrong, qui a gagné sept Tours de France, est poursuivi par d'implacables rumeurs de dopage. Il y a ce nuage de soupçon qui plane autour de lui, même s'il n'a jamais été reconnu coupable. Certains fans de cyclisme ne l'admirent sûrement pas autant que son palmarès le mériterait.

Vous avez dit que "les tricheurs s'en sortent souvent" et qu'ils "ont changé l'histoire du sport, et continueront à la faire". Vous le pensez toujours ?

Je pense avoir écrit cela avant la Coupe du monde 2006 et l'expulsion de Zinedine Zidane, qui a, en elle-même, changé pas mal de choses. Mais effectivement, je crois que les tricheurs s'en sortent souvent dans le monde sportif. Paradoxalement, la triche apporte un intérêt supplémentaire au sport. Je ne dis pas que c'est une bonne chose, mais je pense qu'il existe chez le public un véritable intérêt pour démasquer les tricheurs, savoir comment ils ont pu tromper tout le monde. Tout simplement parce que l'immoralité est souvent plus intéressante que la moralité, le "méchant" est plus intéressant que le "héros". Il y a également cette idée persistante de la chute d'une idole, de découvrir que ces athlètes ne sont pas vraiment ceux que l'on croit.

LA SEULE QUESTION QUI N'A PAS ÉTÉ POSÉE EST: N'EST-CE PAS DANS LA NATURE HUMAINE DE TRICHER ?