TOUT EST DIT

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vendredi 14 août 2009

Pourquoi il ne faut pas se réjouir trop vite de la hausse du PIB

Tout le monde en reste baba, même Christine Lagarde : la France est sortie du rouge ! La croissance est revenue au deuxième trimestre, avec une hausse du PIB de 0,3%. Une performance, "extrêmement surprenante", de l’aveu même de la ministre de l’Economie qui a une nouvelle fois grillé la politesse à l’Insee pour annoncer elle-même la bonne nouvelle ce matin sur RTL.
"Extrêmement surprenante", effectivement puisque les dernières prévisions de l’Insee faisaient état d’une baisse de 0,6% sur la même période. De quoi alimenter un peu plus le storytelling de la reprise. Et du coup, moi qui annonçais des chiffres négatifs dans ce précédent post, je me fais taper sur les doigts par un internaute, Zabeillon… Pourtant, je persiste et signe : la crise est loin, très loin d’être finie. Voici pourquoi.

La reprise observée ce matin est fragile. Quand on se penche sur le détail des chiffres, c’est très clair. Comme l’explique l’Insee, "le rebond du PIB est notamment imputable à l’amélioration du solde du commerce extérieur". La consommation, qui constitue normalement le moteur de la croissance en France, tient encore bon, mais jusqu’à quand ? Le chômage va encore augmenter pendant de longs mois, ce qui risque de venir rogner encore un peu plus le pouvoir d’achat des ménages. Et même si le gouvernement s’en défend, la situation catastrophique des finances publiques ne pourra se résorber qu’en procédant à une hausse d’impôts. Eric Woerth a réaffirmé hier que ce ne serait pas le cas, mais si jamais la reprise se confirmait, Bruxelles ne tolérera pas longtemps un déficit à 7% ou 8% du PIB. Là non plus, ce n’est pas une bonne nouvelle pour le pouvoir d’achat. Enfin, à la lecture de la note de l’Insee, il est très clair que l’activité des entreprises n’a pas encore redémarré : l’investissement privé recule de nouveau, de 1,8% après 1,9% au premier trimestre. Le scénario d’une reprise en W, c’est à dire un nouveau plongeon de l’activité après une timide reprise, n’est donc pas à écarter.

Il faut aussi ajouter que, si la reprise est fragile, le chiffre publié ce matin ne l’est pas moins. Il s’agit d’une première estimation, provisoire, qui sera révisée par deux fois. On a déjà vu, à la faveur de ces révisions statistiques classiques, le PIB passer du vert au rouge. Souvenez-vous, le 14 novembre dernier. Déjà, à l’époque - et c’était aussi sur RTL - Christine Lagarde avait été très "étonnée" par la toute petite hausse du PIB, de 0,14%, observée au troisième trimestre, qui permettait à la France d’éviter deux trimestres consécutifs de baisse, et donc la récession. La ministre avait même fait la nique à nos voisins, l’Allemagne et la Grande-Bretagne, qui, eux, n’avaient pas pu l’éviter. Pas de chance, ce chiffre a été révisé un peu plus tard par l’Insee… Le PIB avait en réalité diminué de 0,2% et la France était donc bien en récession au moment où le gouvernement claironnait qu’elle y avait échappé. Bercy a tout de même appris à ne moins fanfaronner, puisque ce matin, le ministère des Finances indique que sa prévision reste inchangée pour 2009, à –3%. Le plus mauvais chiffre depuis les années 1930.

C. Lagarde garde son sang froid et sait parfaitement que la situation est fragile, et que disent nos pauvres socialistes ?
Ils ne parlent que de l'emploi, bande de connards qui ne comprend pas que pour embaucher il faut avoir des carnets de commandes pleins.