TOUT EST DIT

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vendredi 8 mai 2009

Hugh Laurie : « Je suis moins cynique que le Dr House »

Il est arrivé au sein de la rédaction du « Parisien » - « Aujourd’hui en France » avec un quart d’heure de retard. Mais on pardonne tout à Hugh Laurie ! Comment faire autrement quand le comédien vedette de « Dr House » s’excuse d’emblée auprès des six lecteurs venus le rencontrer ? La star d’origine britannique a rassemblé 9,3 millions de téléspectateurs en moyenne devant la saison 4 de la série diffusée sur TF 1, et gravite à la deuxième place des best-sellers avec son roman « Tout est sous contrôle » sorti en France en janvier.
De passage à Paris pour assurer la promotion de ce polar plein d’humour et de rebondissements, l’homme reste courtois, simple, à l’écoute. Bien loin de l’as du diagnostic boiteux, cynique et arrogant qu’il interprète depuis 2004.Quand il sort de sa berline noire avec chauffeur et vitres teintées, Hugh Laurie affiche la cinquantaine (qu’il fêtera en juin) décontractée. Pantalon chocolat et souliers en daim assortis, pull noir et casquette vissée sur le crâne, le comédien tend la main à chacun, plaisante, s’étonne du succès de son livre dans l’Hexagone.
Au cours de l’entretien de deux heures, il glisse même quelques mots d’un français qu’il semble maîtriser mieux qu’il ne le laisse croire : il répondra d’ailleurs à plusieurs questions sans attendre la traduction de l’interprète. Habile façon de mettre à l’aise un auditoire conquis par son humour et la précision de ses réponses. A l’écran, « Dr House » terrorise ses internes pour sauver ses patients. A la ville, Mister Laurie séduit sans ordonnance.

EMILIE THOMAS. Comment expliquez-vous le succès de « Dr House » ?
HUGH LAURIE. Cette série est très bien écrite. Depuis cinq ans, je n’ai jamais lu de script aussi bien fait qu’un épisode moyen de « Dr House ». L’humour, le jeu d’idées, la complexité, la philosophie de cette série sont fascinants. Le personnage plaît car on a tous le désir d’être libre de toute convention sociale. Tout le monde en rêve.

PATRICK CIROTTE. Pour vous, est-il un ange ou un démon ?
Ah ! (il réfléchit). Il n’est pas un ange, mais il est du côté des anges, il travaille pour eux. Ce n’est pas non plus un démon. Malgré tous ses défauts, j’ai beaucoup de respect et d’affection pour lui.

PATRICK CIROTTE. Donne-t-il l’espoir aux malades ou le désespoir ?
Dans son esprit, l’espoir est au deuxième plan. Seuls comptent la survie et le résultat. Pourtant, la perspective de guérison favorise le rétablissement des patients.

ANNICK PAQUET. Il manque de compassion et d’humanité, est-ce là l’image d’un bon médecin ?
Ce n’est pas un médecin idéal, mais je ne suis pas d’accord sur le fait qu’il manque de compassion et d’humanité. Il n’éprouve pas le besoin de le manifester, c’est différent. Il ne recherche pas l’approbation des autres car il a suffisamment confiance en son intellect.

ANNICK PAQUET. Auriez-vous aimé être médecin ?
J’aurais adoré ! Mon père était médecin, il m’emmenait à l’hôpital de Londres en 1977. J’ai alors failli changer d’études pour devenir docteur. Quand j’y pense aujourd’hui, depuis le temps que je joue le Dr House, j’aurais eu le nombre d’années nécessaire pour valider un diplôme de médecine… A l’époque, j’étais trop paresseux.

ALEXANDRE POIDEVIN. Que pensez-vous du fait d’incarner à l’écran un médecin dépendant des médicaments ?
Sa douleur est vraiment là, il a besoin de médicaments. Pour exercer pleinement ses compétences, pourrait-il s’en passer et continuer de souffrir ?

ANNICK PAQUET. Comment vous êtes-vous familiarisé avec l’univers médical ?
Avant de démarrer le tournage, je voulais passer du temps dans un hôpital américain car les procédures y sont très différentes des hôpitaux anglais ou français, mais je n’ai pas pu. Il y a sur le plateau des docteurs à qui je peux demander des précisions : Quand je dis ça, ça veut dire quoi ? Je dois comprendre tout au moment où je le joue. En dix à vingt minutes, j’ai appris comment fonctionnait le système vasculaire. Mais j’ai tout oublié vingt minutes après.

EMILIE THOMAS. Qu’avez-vous apporté de vous au personnage ?
Je ne sais pas vraiment… Le créateur, David Shore, s’est inspiré de Sherlock Holmes qui était violoniste, et je joue moi-même de la musique (NDLR : le piano, la guitare et le saxophone). Elle permet de montrer le côté logique, mathématique, de House, mais aussi l’improvisation et la capacité de surprendre.

JEAN BONNEFOY. Vous avez apporté un autre accessoire, les baskets que vous collectionnez…
A l’hôpital, c’est une habitude de porter des chaussures de sport, car on est tout le temps debout.
Mais j’ai trouvé très poignant pour ce personnage, qui ne peut pas courir ni jouer au basket, de porter ce genre de chaussures. C’est sa façon de montrer qu’il veut être libre.

MARTINE STEYN. Vous êtes britannique, mais vous jouez le rôle d’un Américain. Qu’avez-vous dû changer dans votre langage ou votre comportement ?
Le personnage du Dr House a toujours été considéré comme américain. J’ai tenté de le jouer avec mon accent anglais : ça a duré dix secondes, on m’a dit que ça ne marchait pas. Il y a suffisamment d’obstacles qui séparent le Dr House de son public, il est seul, sarcastique, amer, etc. C’est un alien. On n’a pas besoin d’ajouter des éléments d’une culture différente. Pour moi, prendre l’accent américain est la chose la plus difficile. De même que boiter.

PATRICK CIROTTE. Que pouvez-vous nous dire de la saison 5 alors que la 4 vient de s’achever en France ?
Nous venons de terminer le tournage. La saison 5 aura une fin formidable. Au départ, tous les personnages s’interrogent sur les conséquences de la mort d’Amber (NDLR : petite amie du cancérologue proche du Dr House) et les responsabilités des uns et des autres.

ALEXANDRE POIDEVIN. Peut-on s’attendre à ce que le rapprochement entre Gregory House et sa directrice, Lisa Cuddy, se poursuive ?
Oui, vous pouvez vous y attendre… Mais je ne peux pas donner de détail. C’est un élément qui se développe au cours des épisodes, pas forcément ce à quoi on s’attend. Il y a un gros bouleversement.

MARTINE STEYN. Etes-vous déçu que l’acteur Kal Penn, qui jouait l’un des internes de House (Lawrence Kutner), ait quitté la série pour rejoindre l’équipe de Barack Obama ?
Je ne peux pas être déçu qu’il souhaite travailler pour son gouvernement. J’admire le courage qu’il lui a fallu pour prendre une décision aussi audacieuse. Moi, je ne suis pas attiré par la politique. Je n’aime déjà pas trop l’aspect public du métier de comédien. Pour un homme politique, c’est pire. Pour les sportifs aussi : je n’aimerais pas du tout être David Beckham par exemple.

JEAN BONNEFOY. Combien de temps encore souhaitez-vous incarner le Dr House ? Accepteriez-vous une adaptation au cinéma ?
Nous avons fait une centaine d’épisodes et nous continuerons tant que l’audience est là. Le cinéma ? Il faudrait que cela soit très différent de la série. En passant du petit au grand écran, « Star Trek » a pu ouvrir des portes, notamment sur le plan visuel. Mais pour « Dr House », je ne vois pas ce que cela pourrait apporter. Je reste cependant ouvert à cette idée.

MARTINE STEYN. Vous ne trouvez pas que le héros de votre roman « Tout est sous contrôle », Thomas Lang, ressemble au Dr House , alors que vous avez écrit votre livre huit ans avant la série ?
Pour moi, ces deux personnages sont très différents. Thomas Lang est un homme optimiste, peut-être un peu fatigué, cynique, mais c’est un homme heureux. A l’inverse, Dr House est très malheureux, torturé, amer. En revanche, ils partagent le même humour et la même qualité d’écoute.

EMILIE THOMAS. Qu’est-ce qui vous attire dans ce genre de personnages, ironiques et cyniques ?
Vous ressemblent-ils ?
Je dois leur ressembler… Ces deux hommes sont à mi-chemin de leur vie. Quand on atteint la cinquantaine un certain cynisme est inévitable. Je ne pense pas être cynique, en tout cas pas autant que le Dr House. Mais je partage l’humour de ces deux personnages. Thomas Lang est la plus proche expression de ce que je suis.

JEAN BONNEFOY. Vous avez écrit ce livre en 1996, pourquoi n’est-il sorti en France qu’en janvier 2009 ?
(En français.) Je ne sais pas ! Il y a sans doute un rapport avec la notoriété du Dr House. Je suis devenu plus connu, le livre aussi. L’édition bouge beaucoup moins vite que la télévision. C’est incroyable d’avoir attendu aussi longtemps, mais c’est un beau cadeau de Noël.

MARTINE STEYN. Qu’est-ce qui vous a poussé vers l’écriture ?
J’avais commencé à écrire un journal intime, mais, très vite, j’ai été ennuyé par la routine de ma propre existence. A tel point que je n’avais pas envie de le lire moi-même ! Je me suis mis à inventer des explosions, des poursuites en voitures, des belles femmes. Ça a commencé comme un jeu pour moi. J’écrivais sans plan particulier, quelques pages chaque jour, que je montrais à mon épouse. C’est un travail solitaire. J’ai failli devenir fou. Mais c’est excitant de voir le monde réel disparaître pour laisser place à son imagination.

JEAN BONNEFOY. Vous êtes en train d’écrire un deuxième roman. Sera-t-il dans le même registre ?
Ce genre de livre, soit vous en faites un, soit vous en faites six. J’ai décidé d’en faire six. Le deuxième étant difficile à finir, je vais peut-être directement passer au troisième ! Mais oui, je vais continuer ce genre que j’aime, parce que j’ai toujours aimé les polars à la Agatha Christie, Raymond Chandler et… (il cherche un nom français) Georges Simenon !

ANNICK PAQUET. Votre polar va être adapté au cinéma, participerez-vous à l’aventure ?
En fait, c’est moi qui ai écrit l’adaptation pour les studios United Artists. Mais ils ont déposé le bilan… peut-être à cause de mon script ! Ils ont été repris par la MGM, elle-même rachetée par Sony. Mon petit film est devenu une toute petite chose dans un énorme groupe. J’espère maintenant que la situation est plus claire et que je pourrait contribuer en tant qu’acteur, auteur ou réalisateur.

MARTINE STEYN. Vous habitez aux Etats-Unis et votre famille en Angleterre, comment vivez-vous cet éloignement ?
Dans les avions. On fait beaucoup d’allers-retours entre l’Angleterre et les Etats-Unis. Les enfants font leurs études en Angleterre. Si tout s’était passé il y a dix ans, j’aurais pu les emmener avec moi aux Etats-Unis. Aujourd’hui, ils sont grands, ils ont leur vie en Angleterre.

ALEXANDRE POIDEVIN. Comment gérez-vous votre notoriété ?
Pas bien. Lorsque je suis allé en Espagne, où la série est très populaire, j’ai dû être accompagné d’un garde du corps. Je suis mal à l’aise avec cette idée. Maintenant qu’on a des caméras numériques un peu partout, une invention du diable, toute notion de vie privée a disparu. Cela me rappelle l’ère du KGB : chacun peut s’espionner, prendre des photos des autres, savoir quelle musique vous écoutez, quel film vous aimez. C’est incroyable. Je ne peux pas croire qu’il n’y aura pas de sérieuses conséquences de tout ça.

JEAN BONNEFOY. Vous avez dit que vous étiez trop paresseux pour faire des études de médecine, mais vous avez fait de longues études d’anthropologie et d’archéologie. Regrettez-vous d’avoir changé d’orientation ?
Mais comment savez-vous tout ça ?… Je suis allé à l’université davantage pour l’aviron que pour les études. Mon père a gagné une médaille d’or aux Jeux olympiques. Je voulais être comme lui. Je me suis concentré sur l’aviron. Si j’avais poursuivi mes études, je serais peut-être maintenant en Nouvelle-Guinée avec un chapeau et un fouet…

ANNICK PAQUET. Vous êtes musicien, acteur, écrivain, laquelle de ces activités préférez-vous ?
Je préfère toujours celle que je ne fais pas ! Quand je joue, je rêve d’écrire et de porter mes propres vêtements. Mais lorsque j’écris, cette activité est tellement solitaire que je rêve d’être avec d’autres et de jouer. C’est difficile à expliquer. La musique serait mon idéal. J’aimerais finir au sein d’un trio de jazz

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